La lutte des classes (2)

Publié le par Bonni

On ne cesse en France d'admirer ce fabuleux droit de grève, grand "acquis social" qui permet aux syndicats de travailleurs de peser sur le patronat ou sur l'Etat. Le problème est que bien souvent ce chantage, cette prise en otage des producteurs et consommateurs, est décidée unilatéralement par un petit nombre de syndicalistes, sans avoir même essayé d'appuyer ces revendications dans des négociations formelles.
Alors oui pendant longtemps ce droit de grève était indispensable pour apporter aux travailleurs des avancées dans les conditions de travail, car les propriétaires du capital étaient souvent inflexibles aux revendications des salariés.
Mais désormais, avec un droit du travail sur-protecteur, des patrons sensibles aux conditions de travail et de sécurité dans leurs entreprises, la médiatisation qui permet de véhiculer les dénonciations d'abus en tout genre... le droit de grève devrait rester un moyen de revendication ultime et évité tant que faire se peut.
Les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille et continuent, avec leur insolence puérile, à faire leur publicité de la sorte. La plupart du temps, la légitimité des revendications ne pèsent pas plus lourd que le taux de syndicalisation des salariés. Augmentation des salaires et baisse du temps de travail, délocalisations, privatisations... les éternelles plaintes des syndicats ont toujours la même couleur, et en appellent aux interventions de l'Etat dans les affaires privées plutôt qu'au dialogue, à la protection plutôt qu'à la responsabilisation, à la régression sociale plutôt qu'au progrès, à l'immobilisme économique plutôt qu'au dynamisme qui est pourtant indispensable à l'heure de l'ouverture à l'Europe et au monde.
Cette vision de la société (travailler le moins possible pour gagner le plus d'argent possible, garder le même emploi à vie, acheter français, vendre français et employer français...) ne joue plus qu'en faveur (et encore...) des personnes, de moins en moins nombreuses, qui pourront encore travailler à mesure que ces idées embourberont la société.
La lutte sans fin des syndicats contre le libéralisme, grand démon absolu, ne fait pas que bloquer la société et l'ouverture au monde : il bloque les esprits.
Vouloir empêcher les privatisations, c'est aller contre une logique de marché, et dans une optique planificatrice et communiste. Penser que l'Etat est un meilleur gestionnaire des affaires privées que l'individu n'est pas une idée qui date d'hier. Mais elle a sans doute causé plus de mal que de bien dans l'histoire, et les exemples de déroutes collectives ne manquent pas et sont insolemment ignorées par les étatistes en tous genres.
Alors les syndicats disent porter haut la lutte des travailleurs contre les injustices sociales, mais leur légitimité tient plus du folklore et de la tradition soixante-huitarde que d'une véritable nécessité sociétale.
Pour qu'il y ait encore une lutte des classes à mener de front, encore faudrait-il qu'il y ait encore des classes. Cette vision médiévale archaïque de la société est d'après moi responsable du marasme économique et du pessimisme ambiant de notre société. Il faut rompre radicalement avec ces pratiques marginales mais tellement néfastes, et épargner les travailleurs de l'influence extrémiste qu'ils subissent continuellement.

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